lundi

Pukkleqoq















1. 12.00 : arrivée.*

2. 14.30 : insolation, overdose, accès éthylique, hémorragie ophtalmique.*

3. 14.30 - env. 00.30 : "PLUS PRES ! PLUS PREEEES !!!"*


* Pendant ce temps, au Boiler : BUMP BUMP BUMP BUMP BUMP

Hasselt
Août 2009

samedi

Je t'ai vu(e) au 15 août









Le 15 août à Liège ou la victoire du paganisme sur le christianisme.

La petite fête de quartier célébrait par le passé l’assomption, la vierge marie, tout ça. Les voisins s’offraient mutuellement du pékêt par leur fenêtre et échangeaient des petits plats. Il y avait même une procession avec Notre-Dame-de-je-ne-sais-pas-quoi, mais en toile de fond, l’âme païenne veillait. Elle attendait son retour. Alors que l’Eglise avait systématiquement supplanté le folklore local par ses propres inventions, Matî l’Ohé substistait.

Aujourd’hui, c’est la madonne que l’on ne voit presque plus. Il y a quelques années à peine, je me souviens l’avoir vu siéger à l’entrée du Boulevard Saucy. Cette fois, je ne l’ai aperçue nulle part. Celle qui lui ressemblait le plus était une femme voilée de blanc, observant avec scepticisme le tumulte depuis son balcon.

La victoire du paganisme.

Pendant trois jours, 100’000 personnes envahissent les rues avec un seul objectif : boire, voire et être vu. Comme Jean-louis le disait On voudrait tous un alcool/vers le 15 août pour espionner. Y a un peu de ça oui. "Qu'est-ce que tu deviens ?" est la formule rituelle de ce jeu d'espionnage.

Une fête sans aucun sens, voire même une fête du non-sens.

J’imagine qu’à l’origine, les festivités du 15 août célébraient le début des moissons ou leur fin ou un truc comme ça. En bon citadin hyper-moderne, je n’ai aucune idée du rythme des saisons.

On a célébré la nature, puis la mère de dieu et aujourd’hui, on ne célèbre plus rien. C’est la Sainte-Anomie.

Victoire, finalement, du nihilisme sur la religion et sur le paganisme. Victoire sur toute forme de raison et de croyance.

100’000 personnes. Des check-points policiers et bientôt, peut-être même qu’on paiera l’entrée. Des comas éthyliques en peloton de brancards et le Bourgmestre qui croit qu'il n'y a ni drogue ni sexe dans sa ville (hahaha).

L’objectif de la soirée est le même pour tout le monde : trouver quelqu’un. Tout le monde passe sa soirée à chercher quelqu’un. Une personne sur cinq à l’oreille collée à son GSM, bouche l’autre et hurle “T’es où ?” en essayant en vain d’entendre son interlocuteur et d’être entendue de lui.

Tout le monde cherche l’épicentre de la fête dans une direction différente. La foule se déplace continuellement sur les voies du chaos. Comment être celui qui s’amusera le plus ? Difficile quand on ne fête, finalement, rien.

Il y a l’auberge de jeunesse où il y a tout sauf des jeunes. Le sosie de Robert Downey Jr qui joue au Blues Brother. Un dj qui arrive à passer le Lac de Colemara à 22h. Et l’inconnu qui t’aborde, allumé, vers 2h du mat’ :

- Salut, ça va ?

- Heu... ouais, ça va et toi ?

- Qu’est ce que tu deviens ?

- On se connait ?

- Mais oui, moi c’est Mike !

-

-...

- Ben, moi c'est Piacoa. Je ne crois pas que...

- Mais si ! Tu sais, j’en connais beaucoup des comme toi ! Je suis né à ****.

- Heu… ok, bonne soirée !

- Ouais, bonne soirée, Piacoa ! Je vais rattraper les autres. Tu sais bien, hein !


Aucun sens,

mais au moins, les filles sont jolies.

vendredi

Style Twitter



















A. Piacoa : Une femme dotée d'un appareil buco-génital s'épargnerait bien des acrobaties.

dimanche

Cherry Post









Evidemment, elle ne passera sans doute jamais par ici. C’est de ma faute – mais je ne peux décemment pas intituler tous les posts de la même façon. Pourtant, j’aimerais pouvoir remercier et demander des excuses à la sympathique employée du bureau de poste de Lille – rue Nationale. Je ne sais pas si c’est une différence culturelle, mais je ne suis pas habitué à observer un tel dévouement et une telle serviabilité de la part des employé de la poste de chez nous. Aidante, souriante, accompagnante, mademoiselle au tatouage en forme de cerise sur le poignet droit aura fait de ce moment crucial un instant souple emprunt de serviabilité.

Comme une lettre à la poste.

Là où je dois me faire pardonner, c’est de ne pas avoir eu plus de répondant à son intérêt. Mademoiselle remarque que je suis en fait en train d’envoyer mon roman aux maisons d’éditions, s’y intéresse, parle du pouvoir évocateur de titre – ce qui est particulièrement flatteur, car je suis très fier de mon titre –, me dit qu’elle lit beaucoup – un livre par jour, dit-elle – et tout ce que j’ai pu lui répondre, c’était que je n’avais malheureusement pas d’exemplaire supplémentaire. J’essaie sur ce blog de promouvoir mes écrits, j’ai un premier roman que j’essaie de diffuser sur le Net - DEAD LINK – et j’ai pas le putain de réflexe de lui filer l’adresse.

Idiot.

Mon second roman est donc parti chez onze éditeurs. Je suis bien conscient du danger qu’il y a à annoncer cet événement. Il est bien probable que je sois en train de paver la route vers mon échec public.

En un sens, raconter ma vie d’écrivain raté, ce serait peut-être déjà une bonne histoire en soi.


Lille

Août 2009

mercredi

Mea Maxima Culpa









Mon prof de français – que, dans un souci d'anonymat, je nommerai Jimmy Hendrix, mais auquel je fais ici un hommage emprunt de respect – nous avait prévenu. Après avoir reçu son enseignement, nous serions changé. Nous serions changé d'une façon si radicale que notre écriture s'en trouverait modifiée. Pas seulement son contenu ou sa forme syntaxique, mais la forme même de sa calligraphie. Il nous montra, comme preuve historique, ses propres travaux de jeunesse. Après son passage chez un prof de français marquant, le trait de son écriture avait effectivement prit d'autres atours.

Il ne nous avait pas menti. Mon écriture arrondie, presque féminine, se rigidifia, devint moins lisible – on ne peut pas toujours distinguer les n, les r et les v –, plus inconstante aussi – avec des m et des n qui ne sont pas toujours écrits de la même façon – et emprunta même des graphèmes à l’alphabet grec.

(Cela dit, je me rends compte aujourd'hui que même sans son intervention, on pouvait s'attendre à ce que l'écriture de jeunes gens change entre leurs 16 et leurs 18 ans)

Jimmy Hendrix nous a aussi appris la différence entre une personne et un individu – auxquels j’ajoute aujourd’hui les gens que je dis en crachant –, entre le nous et le on et ses opinions.

Jimmy Hendrix m’a un jour appelé L'homme qui versifie plus vite que son ombre et c’est sans doute le seul compliment qu’il m’ait jamais fait (si c’était un compliment). A côté de ça, sa première note dans mon carnet de poésie était

Et tout fut fou

Et tout fut foutu

Je me souviens aussi de ses Louvoyez moins, lisez plus ! – en référence à mes activités glissantes – et autre Mais comment diable ponctuez-vous ? Désolé, Jimmy, pour ça, je ne pense pas être soigné.

Il me laisse aussi quelques règles en souvenir : Et et mais ne sont jamais placés au début d’une phrase ; Car et mais sont toujours précédés d’une virgule ; et la plus belle Il est bon, il est beau, il est français de placer les éléments d’une énumération dans l’ordre croissant du nombre de leurs syllabes.

Encore aujourd’hui, treize ans plus tard (merde quoi), je n’écris pas sans penser à lui. Je dirais même que c’est un peu grâce à lui que j’écris. J’espère juste qu’il ne se retourne pas trop souvent dans sa tombe.

Jimmy Hendrix affirmait que les nouvelles idées prennent un siècle avant de devenir des opinions générales. Partant de là, je dois présenter des excuses pour ma condamnation hâtive de l'essai de Naomi Klein. En 2101, on peut donc s'attendre à un mouvement politique de grande envergure qui va renverser l'empire des marques... Patience donc. La révolution approche à grands pas. Personnellement, j'aurai à peine 122 ans. En pleine force de l'âge, ce sera toujours une joie pour moi que de renvoyer les lacrymos aux poulets.

Peace Jimmy.

Bibbona

Juillet 2009

lundi









Clayton voudrait écrire comme il pleut et écouter l'impact des touches comme des gouttes sur le sol laissant ses doigts courir le pavé de son clavier et écouter la musique de la pluie de ses coups digitaux il voudrait voir de façon ininterrompue les lettres qui coulent sur l'écran de haut en bas sur des pages et des pages c'est la poésie de l'averse la chute et l'écrasement des gouttes pourquoi le poète est fasciné par la moindre grisaille par un brouillard ridicule et enfantin c'est comme un morceau de piano qu'on écoute et on se laisse emporter comme des touches sur un clavier le plaisir des doigts qui courent et qui parlent et c'est le temps de la variation Clayton utilise deux dièses sur sa gamme un fa un do parce que le ciel s'éclaircit mais que la pluie redouble ses efforts pour donner des impacts plus forts c'est terrible les gouttes sur le sol quand les doigts frappent un clavier avec vigueur et la musique monte comme une rumeur en crescendo de coups digitaux il n'y a toujours aucun silence entre les gouttes d'eau et pourquoi le poète se laisse aller à la moindre grisaille par une brume évanescente comme un enfant qui rit avec ses propres amis imaginaires qui finissent toujours par se pendre ici est inséré un bémol avant la prochaine variation d'un piano qu'on écoute et qui se laisse emporter dans une rivière gonflée sur laquelle il flotte en ondulant se retenant par nos doigts qui coulent de douleur de trop frapper un clavier passé maintenant sur des bémols mais le ciel s'est salement assombri se donnant au plus laid qu'on a connu et la pluie se fait lourde et lente écrasant au passage les fourmis qui rongent le pavé sans avoir rien demandé à Clayton sous l'averse qui pleure sans qu'on le voit sous toute cette eau et la musique est assourdie elle coule sur les pages de haut en bas couvrant la blancheur inacceptable les impacts éclatent les mots du clavier digital et le silence n'est plus qu'un souvenir de poète qui se laisse aller dans les fumées comme un enfant drogué qui pleure ses souvenirs imaginaires pendus au bout d'une corde mouillée.