jeudi

Course au steak















Il y cet homme, déguisé en aspirateur. A genoux, les mains dans le dos, il doit manger un maximum de marshmallows dispersés sur le sol en un temps imparti. S'il y parvient, il gagnera une poignée de billets.

Dit comme ça, ça a l'air complètement surréaliste.

Pour ceux qui s'en souviennent, ce drôle de tableau est extrait d'une émission qui s'appelait N'oubliez pas votre brosse à dent - sa dent ! hahaha ! Les participants mettaient leur dignité de côté pour un voyage à l'Ile Maurice. S'ils perdaient, c'était un séjour à Lille chez Maurice. Tordant...

Un putain de voyage à l'Ile Maurice.

C'est donc vers quinze que je me suis rendu compte que les gens - ceux que l'on dit en crachant - les gens étaient prêt aux pires humiliations pour un peu d'argent.
J'ai longtemps cru que le voyeurisme, le plaisir pervers de voir l'autre s'avilir était né avec la télé-poubelle - et peut-être en particulier avec l'émission de Nagui.

Hier, j'ai chopé la fin d'un documentaire sur la crise de '29. On y voyait un concours de danse. Un concours de danse jusqu'à l'épuisement. Le but du jeu était d'être le dernier couple debout après des heures, parfois des jours de danse ininterrompue. Les participants étaient exténués, ne tenaient plus sur leur jambes, tombaient en convulsant, mais quoiqu'il leur arrivait, il poursuivaient leurs lents balancements agonisants. Une véritable danse macabre. Une sorte d'Auschwitz de la valse. La plupart des danseurs s'inscrivaient parce qu'un repas leur était offert une fois qu'ils étaient éliminés.
Le montage montrait également le public. Les gens. Qui riaient à gorge déployée chaque fois qu'un danseur trébuchait.

Je pense immédiatement à des scènes de mises à mort sur la place publique, dans des arènes et je me dit que c'est ainsi. Que c'est en nous. Qu'on ne changera jamais vraiment.

Vice Wants Me!







message envoyé à Vice Belgium via MySpace suite à leur appel d'offre.

Salut,

Parfois les choses s'enchaînent et on se retrouve à passer à l'acte sans même se rendre compte immédiatement de ce que l'on est en train de faire. Pourtant, quelque part dans une circonvolution cérébrale, il y a une sorte de petit bonhomme qui se met les mains devant le visage de honte anticipative.

Ainsi donc, il y a un mois de ça (peut-être deux), je me suis inscrit sur MySpace (http://www.myspace.com/piacoa) afin de faire connaître mon blog (piacoa.blogspot.com) afin de faire connaître mes écrits afin de faire connaître, en particulier, un roman que j'avais écrit en 2004 (DEAD LINK). L'idée, qui est arrivée bien trop tard à mon goût, c'était que mon activité littéraire avait une sale tendance à l'autarcie, je devrais dire, à l'onanisme. Je me branlais, en somme. J'écrivais tout seul, je lisais ce que j'écrivais tout seul et je finissais par me mordre la queue comme un serpent aztèque.

Puis paf ! étant lecteur assidu du Vice et constatant que Vice Belgium a ItsSpace, je demande à en être un ami (avec le fantasme, évidemment, qu'un mec - ou une meuf - de l'équipe éditoriale s'emmerde et passe voir un coup sur mon blogspot). Cela dit, la réponse tarde à venir et ayant une mémoire de Commodore 64, j'en viens même à oublier que j'ai lancé cette invit'.
Puis paf ! "Vice Belgium" est dans mes nouveaux amis et s'adresse directement à moi via une affiche qui dit Vice wants You! et You dans ce cas, c'est moi ! Car, c'est bien de moi qu'il s'agit, une personne créative sans talent spécifique, mais avec une bonne paire de couilles. D'ailleurs, j'ai une nouvelle preuve que ce message m'est adressé un poil pubien plus haut, cette affiche se trouve sous la bannière Qui j'aimerais rencontrer. Donc, je me dis merde ! et mes yeux s'équarquillent, l'ordinateur me parle ! il essaie de me transmettre un message ! Ecris à Vice pour répondre à leur invitation personnelle.

Dont acte.

Je m'appelle Antonio Stavro Gambini, parfois Salvatore Lo Bue et parfois Jonathan aussi, mais ça dépend. C'est ma nouvelle marotte. Je me dis qu'on sait le nom que l'on nous a donné, mais pas le nom que l'on a (vraiment). Quant à savoir qui l'on est...
J'écris. J'aurais bien envie de dire que je suis écrivain, mais ce serait prétentieux, car je manque sérieusement de reconnaissance pour ça (cfr plus haut et l'histoire du serpent aztèque). D'ailleurs au moment où je vous écris, mon second roman est en train de se faire charcuter dans les maisons d'éditions. Vous imaginez bien le ravissement nauséeux qui me prends, chaque matin, quand je dois ouvrir ma boite aux lettres.
Si ça peut vous rassurer, mon actuelle dit que j'ai du talent, mais je crois bien que ça a autant de valeur que quand ma mère me dit que je suis beau. Cela dit, c'est pas parce que votre mère vous dit que vous êtes beau que vous ne l'êtes pas, hein.

Je sais pas trop ce qu'on peut faire ensemble, mais ça va être bien. Ouais.

A. Piacoa.

lundi

N'aide pas ton prochain comme tu voudrais qu'il t'aide















Cette histoire m'en a immédiatement rappelée une autre qui m'était arrivée quelques mois auparavant. J'étais tranquillement chez moi, regardant le film le plus viril de l'histoire du cinéma en pratiquant l'activité la moins virile de l'histoire des genres - je repassais en regardant Le Bon, la Brute et le Truand - quand on sonne à ma porte. Je n'ai malheureusement pas l'habitude de répondre par le parlophone. Je m'épargnerais bien des conversations avec des importuns si je le faisais, mais non, je ne peux m'empêcher d'ouvrir directement aux Jéhovas, aux représentants de Nuon ainsi qu'à de douteux vendeurs de gaufres. Cette fois, il s'agissait d'une sorte de mac tout droit sorti du quartier de la poste. Oubliez l'image du gangster au langage trois pièces en costume châtier. C'est pas Ocean's Eleven ici, c'est le quartier Sainte-Marguerite. J'avais affaire à une raclure de bas quartier, en jeans élimé avec accent balkanique*. Ces cheveux longs étaient bien trop gras pour être honnêtes, sa chaîne en or bien trop voyante pour attirer la confiance.

- Jonathan est là ? qu'il fait.
Bonjour, Excusez-moi de vous déranger, tu connais, connard ? Là, je me méfie un peu, mais pas assez, parfois les surprises nous rendent cons.
- Ben... c'est moi.
- Non, Jonathan qui habitait ici avant.
- Ah, l'ancien propriétaire, que je lâche avec soulagement. Il n'habite plus ici.
- Où je peux le trouver ? Je suis de la famille. Ca fait longtemps qu'il m'a pas vu.

J'ai beau me croire misanthrope, je suis incapable, quand je suis pris de court, de ne pas aider les gens. Si je ne m'y prépare pas, en fait, je suis assez sympa, voire carrément débonnaire.

- Il n'habite plus ici, mais sa famille habite la maison juste là.
Je la lui pointe du doigt. Evidemment, il ne dit pas merci.

Par ma fenêtre, je regarde tout de même discrètement la tournure des événements. Je suis écrivain, je contrôle pas les scénarii qui germent dans mon esprit de tordu. On doit de l'argent à ce mec et moi, je l'ai conduit direct vers une prise d'otage ou un règlement de compte au 9mm détourné.
Le gars a simplement été envoyé ailleurs et je comprendrais mes voisins s'ils venaient tagger BALANCE sur ma façade. Ils ont peut-être été plus malins et loyaux que je ne l'avais été et ont dit qu'ils ne connaissaient pas de Jonathan.


Aujourd'hui donc, je sors de chez moi pour un footing matinal. Privé de lecteur mp3 et gonflé de honte et de culpabilité, comme à chaque fois, ma musique intérieure chante :

Fitter, happier, more productive
Comfortable
Not drinking too much (ça c'est en pensant au week-end juste passé)
Regular exercice at the gym
(three days a week) et ça, c'est pour le footing.

Pourquoi diable devrait-il y avoir une opposition entre le corps et l'esprit ? En quoi courir m'éloigne-t-il des activités cérébrales ? Dernièrement, lors d'une interview, on faisait remarquer à Thomas Gunzig que ça ne faisait pas très intellectuel de pratiquer le karaté et il avait l'air d'accord avec ça. Être en mouvement ne m'empêche pourtant pas de penser, prendre soin de mon corps ne m'empêche pourtant pas cultiver mon monde intérieur. Je suis un partisan de la maxime de Gambini :

Je suis et ça se voit.

Soigner son apparence, c'est aussi soigner son être.

Arrivé à mon demi-tour du parc de la Boverie, alors que cette foutue montre Polar indiquait 232 pulsations minutes depuis 3Km - bon dieu, quelle merde cet appareil, si c'était le cas, mon coeur jouerais un morceau du Thunder Dome XVI alors que je serais en train de convulser, les yeux révulsés, l'écume au coin des lèvres - une auto s'arrête à ma hauteur. Le mec, genre, il a pas remarqué que j'étais en train de courir - je porte une de ces ridicule tenue lycra qui me moule les couilles et le reste - et il me fait :

- Hé, tu sais pas où se trouve le quai Frère Orban ?

Pas d'écouteurs en tant que prétexte à la surdité, je m'arrête donc, malgré l'absence flagrante de bonjour et d'excuses. Il avait la même tête que Robotnik, mais sa voix de Sémaphore - le maître de Cubitus - le rendait presque sympathique. Comme je l'ai dit plus haut, quand on me prend par surprise, je suis plutôt serviable.

- Heu... Frère Orban. Attendez que je sois sûr, j'halète. Ouais, ben, c'est le quai juste en face en fait.
- Ah, de l'autre côté de la flotte.
- Oui, de l'autre côté de la Meuse. Vous prenez le pont juste là derrière, qui est le pont Roi Albert Ier (notez le détail parfaitement superflu) et passé ce pont, c'est juste à gauche.
- Ah, ok merci.

Je reprends alors ma course et le cours de mes pensées galopantes tout en prenant mentalement note de la plaque du véhicule. Je ne sais pas trop d'où me vient cette habitude de flic. Cela dit, ce léger réflexe légèrement paranoïaque est entaché de ma mémoire d'Osborne I. Si je devais témoigner, voilà à quoi ça pourrait ressembler :

- Avez-vous pris note de la plaque d'immatriculation ?
- Oui... heu... enfin, ça commençait par NUL, je crois. Non, non, c'était LNU !
- Vous êtes sûr ?
- Oui, oui, je suis sûr. LNU.
- Et les chiffres ?
- Han ! Non, désolé, je ne me souviens pas.
- Quelle était la marque du véhicule ?
- Alors ça, facile, c'était une japonaise. Une mazda. Je crois. Ou Honda, un truc comme ça.
- Ok... le flic est déjà un peu exaspéré. Couleur ?
- Rouge. Ca c'est clair dans ma mémoire, rouge. Et elle était peut-être décapotable.
- Comment ça peut être ?
- Il me semble que le toit était noir.
- Bon... on n'ira pas très loin avec ça. Vous pouvez nous décrire le type ?
- Oui. Il ressemblait à Robotnik et avait la même voix que Sémaphore, vous voyez, le maître de Cubitus.
Soupir désespéré de l'agent. Je vous laisse imaginer le portrait robot.

Retour à mon souffle court. Quand je suis arrivé juste sous le pont Albert Ier, j'ai entendu deux coups de feu provenant de l'autre rive. J'ai clairement vu un éclair et entendu une nouvelle détonation depuis un étage du Ministère de la Santé. Sur le quai Frère Orban.

La Meuse me dira demain si j'ai indiqué le chemin à un désespéré des services fédéraux.

* on ne pourra pas m'accuser de taxer d'office de préjugés certaines ethnies. En effet, les Balkans ont pour particularité d'abriter toutes sortes de cultures. Le type ici peut être aussi bien Albanais, Turc, Kosovar albanophone que Serbe, Croate ou encore Rom, Bosniaque ou pourquoi pas Français, on trouve de tout là-bas, c'est bien là leur malheur.

Refus de la nrf















Toi qui écris ces lignes, abandonne ici tout espoir.
Mais c'est la nrf, keua. Ouais, je sais merci.
Ouais, mais ils ont tout de même publié Apollinaire, Proust, Sartre ! Oui, je sais tout ça, moi aussi je peux me servir de Wikipédia.

Merdre à la fin ! Ils pourraient tout de même s'arranger pour qu'on ne reçoive pas trois de ces lettres en moins d'une semaine. Les écrivains sont des êtres sensibles. Les ménager devrait aller de soi.

J'envisage l'avenir couleur écrivain raté. Ou Future Artist, tiens, haha.
J'envisage le pire.

J'envisage un suicide à la caféine au Delft.
Ou de me mettre le feu sur les Coteaux après m'être aspergé de confiture de lait de chez Fauchon.
Ou une ascèse extrême au faîte d'une des colonnes métalliques de la Place Saint-Lambert.
Ou encore un potlatch de toute ma bibliothèque sur la Place Cockerill.

Pour le suicide à la caféine, envoyer un mail à fittermail@gmail.com
Pour l'immolation, envoyer un mail via myspace.com/piacoa.
Pour le stylite style, envoyer un mail à waltergfury@yahoo.com
Pour le potlatch, tapez moi.

Je ne prends pas beaucoup de risque. Même ce blog ne "reçoit pas l'approbation de notre comité". Si seulement il est lu.

(sauf par mon coéquipier et unique fan - et encore - que je salue au passage).

C'était mon dernier post "Refus", les huit prochains sont par trop prévisibles.

dimanche

Laura











A mon coéquipier.

Nous rêverons encore longtemps de Laura. Laura est douce, Laura est candide. Laura à l'Afrique dans les cheveux et dans les yeux. Et un sourire à briser l'équateur en deux.

Laura est désolée. Navrée. Parfois elle parle tête baissée. Mais dans une excuse, tout s'explique. Ne pouvons que pardonner. A sa voix poétique.

Laura n'est nulle part chez elle. Alors Laura voyage. Grandit au Congo, au Gabon, au Zimbabwe et partout où dieu voit que cela lui est bon.

Laura nous donne des leçons. Nous dit qu'on se relève de ses erreurs. Grandi, épanoui. Sa sagesse est que sans essayer on reste un peu con. Nous lui sourions.

Notre cynisme est amoureux. Il pleure. Nous serons toujours en train de concevoir mille projets. Et pendant ce temps, Laura réalisera les siens. Sèmera un authentique enthousiasme. De Kinshasa à Johannesbourg.

Laura disparaît sous nos yeux. A cause d'un stupide feu. Elle nous manque déjà, Laura (ravie, épanouie). Ravissante, par dessus tout.

Peut-être est-elle déjà au Cap. Elle détrousse les riches prisonniers derrière leur muraille de pierre et ouvre des dispensaires pour les pauvres hères. Un coup de fraîcheur sous la canicule. Un vent de belle naïveté souffle la lourdeur de la brousse. C'est un détail pour elle. Laura aime.

Nous rêverons encore longtemps de Laura. De cette occasion manquée. De la double banger.

samedi

A Pig In A Cage On Antibiotics















Un truc beau, un truc bien, un truc carré. Stâble. Adulte, réfléchi. Et l’accent flexe lui rappelait Watt et les mots de Watt « Les artistes ne parlent pas d’art. Les artistes créent ». D’artiste, il aura toute sa vie gardé le futur. Future Artist. C’était écrit en blanc, sur fond bleu, dans des caractères fantaisistes. L’âme d’artiste comme potentialité, jamais réalisée. Future Artist. Un badge en guise de regret, qui n’aura jamais pris place. Il avait fait des choix. Des choix beau, des choix bien, des choix carré. Stâble. Adulte, réfléchi. Le vieil homme souriait de sa bouche sans dents. Il était vieux maintenant. Et derrière ses yeux aveugles des images du monde entier défilaient. Un monde conquis. Les choix matérialistes avaient été les plus simples. Il lui avait fallu du temps pour comprendre que la vie c’était fait pour avancer, pas pour reculer. Qu’on ne faisait pas ce qu’on voulait dans la vie. Il avait fait une croix sur les filles, sur les pochtronneries, sur toutes les facéties. On n’était pas là pour rigoler. Il avait choisi la carrière. Une carrière beau, une carrière bien, une carrière carré. Stâble. Adulte, réfléchi. Comme on lui avait dit. Personne ne le soutenait dans ses idées de gamin. Et c’était bien normal, il n’était plus un gamin. A grandes enjambées, il montait les marches de la société. Un rang, un sourire, un triomphe. Rapidement, il se riait des filles, des pochtronneries, des facéties. La bagnole, la maison, les enfants, le chien qui court dans le jardin, c’était ça, la vie ! Derrière ses yeux aveugles, ses oreilles graves, son nez grossi, il contemplait sa vie. Le banc sur lequel il était assis était bien plus stable que celui sur lequel il avait grandi. Aujourd’hui, c’était un banc beau, un banc bien, un banc carré. Stâble. Adulte, réfléchi. Tout le monde avait grandi, tout le monde avait vieilli, certains mieux que d’autres et ceux qui ne s’étaient pas alignés étaient morts . Mortdefaim. Et lui, le vieil homme aux yeux aveugles, il avait une bonne pension et une vue sur l’île d’Héraclion. Haha ! L’île d’Héraclion ! Une vue de ses yeux aveugles. Il s’en foutait, il respirait l’air marin. Ca ne se paie pas avec des filles, avec des pochtronneries, avec des facéties ! Ca ne se paie pas avec des rêves. Les rêves c’est pour les crèveslafaim. Derrière ses beaux yeux aveugles, il avait mieux que des rêves. Il avait des souvenirs. Des souvenirs beau, des souvenirs bien, des souvenirs carré. Stâble. Adulte, réfléchi. Et sa femme s’occupait de lui et ses enfants s’occupaient de lui et ses petits-enfants riaient avec lui et son sourire sans dents. Une vie réussie. Ses parents avaient été fiers de lui. Tout le monde était fier de lui. Ses parents, sa famille, le reste de ses amis, ses anciens jeunes collègues qui l’auraient bien roué de coups amicaux pour le féliciter le jour de sa mise à la retraite. Fier lui aussi de sa croix sur les filles, sur les pochtronneries, sur les facéties. On n’était pas là pour rigoler. Le virage avait été facile, finalement, quand ses rêves eux-mêmes l’appelaient à plus de sérieux. Le sérieux. Un truc beau, un truc bien, un truc carré. Stâble. Adulte, réfléchi.

Refus de Zulma















Il pleut dans ma boite aux lettres. De grosses gouttes en forme de non. Deux en une semaine, faut pouvoir l'encaisser. Je crois bien que j'ai du mal.

Mon espoir a du faire grossir l'enveloppe. Elle me semblait plus épaisse et j'y ai cru. Mais non. C'était encore un refus.
Ils évoquent, comme ailleurs, le nombre restreint de textes retenus et y ajoutent les valeurs d'exigence et de subjectivité. Pas cons les gars. En admettant la subjectivité de leur choix, ils coupent l'herbe sous le pied d'une quelconque argumentation. Notre choix n'est peut-être pas le bon, mais c'est NOTRE choix. Il n'était de toute façon pas dans mon intention de réclamer. Ils savent mieux que moi ce que je vaux. Allons, allons, Piacoa ! Ce n'est pas ce que tu vaux, mais ce que ton roman vaut. Mouais.
A la ligne.

Enfin, Zulma est tout de même l'éditeur de Où les Tigres sont chez Eux. Pas rien quoi. Avec de telles excuses, je finirai bien par ne pas déprimer. N'ayant envoyé mon manuscrit que chez deprestigieux éditeurs, j'aurais toujours bien un auteur célèbre dans la manche pour m'excuser de ne pas être à la hauteur. On n'est pas digne ! On est à chier !

Le plus déprimant, je crois, c'est qu'ils donnent de l'espoir dans le contenu, mais pas dans la forme de leur lettre. Ils me demandent de ne pas hésiter à leur envoyer d'autres de mes productions. Ce que j'aurais pu interpréter comme un encouragement, comme un signe que mon récit n'était pas si mal, mais manquait encore un peu de réussite. Plus loin, ils s'excusent de ne pouvoir envoyer qu'une lettre préformatée du fait du nombre grandissant de manuscrits qui leur sont envoyés. La phrase génératrice d'espoir est donc ainsi annulée. Rien dans leur lettre ne me permettra une quelconque évaluation de mon écriture.

Et j'ai tout le temps l'impression que je pue du bec en ce moment...

*soupir*