vendredi

De vent devant



Sur les bords d'un Gange anxieux
Je me répands
En un chant soufflé de vent
Devant, devant

dimanche

Saint-Emilion



Trop d’événements riment en une seule journée. Ce souffle court qui en rappelle un autre. Jusqu’à ce moment, il donnait des couleurs à l’oisiveté aride à coup de rouge. Lui donnait du relief à coup de bulles. Et de la perspective dans la fumée. Entre deux bouffées, elle lui avoue qu’elle compte chacune de ses cigarettes. Comme autant de moment qu’ils ne partageront plus.  Le couple éternel – angoisse thématique et schémas culpabilisants. Sa propre mort et l'impuissance de la spectatrice. Pourquoi ne cesses-tu pas, tout simplement ? Le simple est l’erreur des génies (il essaie de gagner du temps et récite) “Je crois qu’un jours on s’égare et que ça ne s’arrête jamais.” (il prend une gorgée et bafouille d’aise) “Tout est blablabla, tout est volé. Il n’y a personne à appeler.” Il hésite. Entre deux gorgées, la nausée. Il croit dit-il. C’est ma façon, lui avoue-t-il pour lui-même, ma façon lâche de te quitter. Je tâche, méthodiquement, de nous séparer. Subrepticement. Une larme coule de l’oeil. Il s’en détourne à distance. A bout du bout incandescent. Un homme grimace en terrasse. Trop loin pour qu’elle soit entendue. Hors-contexte, il renvoie au monde.  L’anime. L’anima. L’animal. L’animalité. Une cascade domino nous a précocement enseigné le déterminisme. Une conversation de singes nous renvoie à une conversation de singes nous renvoie aux conversations des singes. Et soudain la conscience de la multitude. Et de notre ridicule. Tout est dérobé ? Elle pleure. Il est déjà loin.

Ochtendongeval


Le fracas métallique du tram m’a réveillé. J’ai pensé : “Je veux être moi-même, mais en Italie” et j’ouvre les yeux sur cette Rome vaincue par les barbares. Je me suis réveillée et les marches ont craqué sur le chemin du café. Je me suis levé et je n’ai pas reconnu la place au miroir. Où l’ancien sourit de confiance au moderne. Je suis levée un bonnet sur un sourire. Je sens dans le vent l’odeur du pain, du beurre, du pain au beurre. Je lui ai dit : “J’aime ta chemise”. Il a grimacé de sympathie. Je lui ai rendu sa sale face. Et je me suis reconnu. Les gants qui serrent de froid le bonheur. Des coups de pédales sur l’euphorie d’un matin muet d’hiver. Je me suis levé et j’étais incapable de nouer ma cravate. Filer sur le caoutchouc. Etre une brise sur l’avenue, courir en tête de peloton, le nez tendu vers l’amour. Je boutonne mon col. Je pense à ces Grandes Choses. Le fracas métallique du tram m’a réveillée. Je suis un boyau pris dans les rails. Je suis le tram fracassant. Je suis un bonnet de terreur, perdue dans les boyaux. Je suis un aurevoir. Le fracas métallique du tram l’a réveillé. L’aube est brutale.

Minimalisme






Respire.






Titre original : Poème-minimaliste-dans-lequel-il-y-plus-de-mots-dans-le-titre-que-dans-le-texte-lui-même-comme-ça-ça-fait-genre-très-japonais.

Les murs de nos tombes auront des dents.

Composé par un certain Boudi, réarrangé par mes soins.

Nous cherchons les mots de la poésie dans les lèvres des filles, mais suspendus au plafond, nous ne voyons pas les beautés qui sortent des buissons. Tu dis : “J’ai déplié la forêt sur les pierres ! Je ne suis pas un lierre qui monte au mur, mais le murmure dessous l’attente ! La nuit n’est qu’un tablier pour cuisinière de province où nous essuyons notre fin de vivre ! Quand je respire la nuit, je crois être le songe d’un fantôme…

Le plaisir se retire dans sa peau d’ombre.

Les ganglions de tes lèvres ont gorgé mon cou d'un baiser. J’ai séduit ton oeil, mais me furent confisquées mes paupières. Déplions-nous sur la terre comme au ciel ! Je suis empli de ces choses qui mentent aux ombres pour s'agrandir. J'espère ne pas m'étrangler contre les colliers menteurs du songe.

Mon cœur est anodin.
Le poème le partage.

vendredi

Coup de poker en hiver



Une renaissance ?

Il y a ces jeunes filles, évoluant souplement sous la pluie, qui changent la donne de nos vies. La détermination de leurs talons-aiguilles éclate au passage la piste étoilée du pavé. Sous une capuche, leur visage impassible masque d’indifférence l'imagination. Nul ne perçoit le sourire en coin, signe d’une bonne main. Leur stratégie est un arc-en-ciel vers leur destination. Coeur excitation ; Pique appréhension. La constance de l’esprit, c’est la mort de l’âme, se disent-elles.

Comme un nickel brillant sur le tapis vert, elles se prêtent au jeu. Libèrent leurs cheveux. Montrent le dessous de leurs cartes dans le reflet d’une vodka. Dévoilent des doubles paires dans le brouillard d’une dizaine de Camels.

Les vêtements glissent sur la patinoire d’un corps hivernal. Nombreux tours de table érotiques. Mendicité des corps. Vagabondage du coeur.

Ici est le caveau
des attentes
déçues.
L’absurde caisse en bois
résonne du silence des vaines envies.
Sincères condoléances.

La liberté devient encor désir de prison. Un vieux coup de Sioux. Le check-raise des amants.

Au lendemain d’un sommeil froid comme le marbre sépulcre, je ferai à nouveau disparaître les vieilles bouteilles, l’odeur des cendres amères.

Un dernier souffle.