vendredi

Manifestation !









Ça y est. J’ai écrit hier, vers 23.30, le dernier mot de mon second roman. Enfin, entre le moment où je pensais en avoir terminé et maintenant, j’ai encore ajouté du poivre et sel à une barbe et j’ai retiré une phrase dans laquelle le héros prétendait avoir vu des films d’auteur avec une comédienne de son accointance virtuelle. C’était un mensonge, il ne s’est jamais intéressé qu’aux photos aguichantes de son profil.

Ce dernier mot est manifestation.

C’est amusant. Ça met sans doute sur de fausses pistes.

Dans les épreuves que j’avais sorties pour relecture et correction, les derniers mots étaient lu et écrite. Je peux parler d’un changement radical de champ sémantique.


On s’intéresse souvent à l’incipit d’un roman, bien moins à son dernier mot. Si je pêche au hasard trois livres dans ma bibliothèque, j’obtiens Noir, continuer et shanties respectivement de Dans le Scriptorium de Paul Auster, L’Innommable de Beckett et Les Pirates ! Dans une Aventure contre les Communistes de Gideon Defoe (vous m’excuserez, il faut parfois se départir de son sérieux).

Qu’est-ce que cette expérience nous apprend de neuf sur la littérature ?

jeudi

My Great Meek Tuscany















De retour de mes vacances en Toscane. Vous n'en avez rien à secouer, ça ne fait pas un pli. D'ailleurs, ce n'est pas là-dessus que je comptais écrire et pour tout vous dire, la photo n'a rien à voir, elle a été prise en Allemagne. Ou peut-être en Autriche. Bref, sur la route vers l'Italie et il aurait sans doute beaucoup à dire sur la poésie de la route.

Lors de mon séjour, je lisais à la fois Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley et No Logo de Naomi Klein. C'était aussi intéressant que perturbant de lire ces deux textes en parallèle. L'un est une fiction utopique effrayante et l'autre la réalité tout aussi effrayante. A les lire simultanément, j'aurais pu finir par me demander laquelle des deux situations était la pire. Mais No Logo, c'est bel et bien la tragique réalité. Freaky.

Le plus dramatique, ce sont les conséquences que No Logo a eu sur notre société. Soit pas de conséquence. Le Business as usual est toujours monnaie courante. No Logo est inconnu du grand public, l'indifférence est générale.
C'est triste de lire l'hypothèse de départ de Klein. Je cite Ce livre s'articule autour d'une hypothèse simple : lorsqu'un plus grand nombre de gens découvriront les secrets des marques qui composent la trame mondiale de logos, leur indignation alimentera le prochain grand mouvement politique, une vague ample et déterminée d'opposition aux transnationales, surtout à celle qui jouissent d'une très franche reconnaissance de marque.

Cet essai fêtera bientôt ses dix ans. Il est où le grand mouvement politique ? Elle est où la vague ample et déterminée d'opposition aux transnationales ?
Les gens s'en battent toujours l'oeil en buvant du Coca dans leur vêtements Nike. Bien-sûr, il existe des mouvements (des vaguelettes à l'échelle mondiale) qui suivent le sillon tracé par Klein, mais ils sont toujours marginaux. On me dira marginalisé. Je répondrais qu'ils se marginalisent. L'absence de remous est due à un problème d'identification.

Que voit-on généralement dans les manifestations ? On voit des tatouages, on voit des dreadlocks, on voit des vêtements noirs, sales, vieux. Comment la population générale pourrait s'identifier à ce mouvement ? Comment monsieur Tout-le-monde pourrait prendre part à une action menée par une bande de punks ? Comment pourrait-il ne pas se dire Encore une bande d'agitateurs anarchistes ?
Le mouvement politique ne pourra jamais être grand s'il est associé à des marginaux.

La révolution gère mal son image.

Imst
Juillet 2009

mardi















J'ai mal au coeur. Une sorte d'arythmie. Une syncope, oui une syncope dans le battement. Mon coeur devient un jazzman, ce qui pourrait être bath, mais il me fait mal. Ma tête enfle sous l'hypertension. Toc, toc, toc, silence, Boum. Et ça recommence. L'âge. L'âge et les malédictions. On ressasse. Les souvenirs. Comme un ressac avec l'Ile d'Ouessant à vue. Les rêves ne tiennent pas la route. Et l'on passe de la rue de son parrain à celle de ses grands-parents. Comme s'ils avaient toujours été voisins et soudain. On se retrouve à la plage, dans une combinaison 2/4. L'idéal pour nager en eau froide-mais-pas-trop, mais c'est la nuit, en été, et le soleil a bien chauffé. Dans le noir, l'île n'est pas en vue. La mer ne veut pas se calmer sur les rochers. Du toc au boum. Il n'y a plus que la peur. D'une traversée qu'on sait impossible. L'eau s'infiltre par la fermeture éclair et s'échauffe aussitôt. C'est beau. La mer. J'allais connaître la plus grande frayeur de ma vie. Boum, boum, boum, badaboum. La rythmie, une octave en dessous.

lundi

Lever de rideau















Combien de temps ? Peut-être quatre ans, cinq ans que je me dis que je tiendrais bien un blog, mais je n'en voyais pas l'intérêt. L'envie était là sans objet. Pas grand chose à vous dire en fait. D'un autre côté, quand on pense qu'entre le moment où je me suis dit "Il faut que j'écrive un roman" (nouvel an 2000) et la fin de la rédaction du premier, il aura fallu quatre ans. Il en aura fallu encore cinq pour achever le second. Je crois que je peux dire que je suis dans les temps.

Et puis, il y a eu cette conversation finalement banale ce samedi autour d'une pinte cassée de cidre. Nous parlions de la diffusion actuelle des objets culturels et de la place de l'Internet. En somme, si tu veux faire du fric, tu peux bien suivre la voie traditionnelle et vendre ta musique via des majors et faire du Britney ou du Doré. Ou alors, t'es un génie autant qu'un pionnier et tu t'appelles Radiohead ou NIN et tu postes ta zik gratuitement sur le Net. Sinon, t'as juste envie de partager avec les autres ce que tu fais et tu te donnes aux autres.

C'est marrant. A ce nouvel an 2000 et dans cette conversation récente, je retrouve Arnaud. Peut-être qu'en remerciement, j'aurais dû mettre sa photo en tant qu'ouverture de Vuoto.

Soit, moi je fais pas de musique. J'essaie d'écrire. Et comme je n'ai pas l'intention d'écrire un autre Da Vinci Code (parce que là, c'est clair, y a moyen de gagner de l'argent, hein) et que je ne suis ni un génie ni un pionnier, je vais suivre la troisième voie.

Ce qui Importe a été écrit entre décembre 2003 et février 2004. J'ai attendu quatre ans avant de l'envoyer pour la première fois à des éditeurs. A sept exactement. Et j'ai reçu six lettres de refus. J'en profite pour ne pas remercier les éditions Maelström qui n'auront même pas eu la bienséance de me donner réponse. Sans doute que les timbres sont trop chers pour les petites maisons.

Bref, évidemment mon fantasme, ce serait de pouvoir vivre de ma plume, mais je pense que cela nécessitera encore pas mal de travail. Avant de l'envoyer aux maisons d'éditions, je m'étais dit que s'il était refusé, cela signifierait simplement qu'il ne méritait pas d'être publié. C'est sans doute le cas. Je vis bien avec ça, merci.

J'ai pas envie de juste laisser mourir Ce qui Importe, même s'il n'importe plus tant que cela. J'ai juste envie qu'il soit lu. Vous le trouverez sur le site des Editions Léo Scheer en cliquant sur le lien ci-dessous.


Bonne lecture et si vous aimez, ma meilleure rétribution serait de voir ce lien sur votre MySpace, FaceBook ou autre endroit visible.