vendredi
dimanche
Saint-Emilion
Ochtendongeval
Le fracas métallique du tram m’a réveillé. J’ai pensé : “Je veux être moi-même, mais en Italie” et j’ouvre les yeux sur cette Rome vaincue par les barbares. Je me suis réveillée et les marches ont craqué sur le chemin du café. Je me suis levé et je n’ai pas reconnu la place au miroir. Où l’ancien sourit de confiance au moderne. Je suis levée un bonnet sur un sourire. Je sens dans le vent l’odeur du pain, du beurre, du pain au beurre. Je lui ai dit : “J’aime ta chemise”. Il a grimacé de sympathie. Je lui ai rendu sa sale face. Et je me suis reconnu. Les gants qui serrent de froid le bonheur. Des coups de pédales sur l’euphorie d’un matin muet d’hiver. Je me suis levé et j’étais incapable de nouer ma cravate. Filer sur le caoutchouc. Etre une brise sur l’avenue, courir en tête de peloton, le nez tendu vers l’amour. Je boutonne mon col. Je pense à ces Grandes Choses. Le fracas métallique du tram m’a réveillée. Je suis un boyau pris dans les rails. Je suis le tram fracassant. Je suis un bonnet de terreur, perdue dans les boyaux. Je suis un aurevoir. Le fracas métallique du tram l’a réveillé. L’aube est brutale.
Minimalisme
Les murs de nos tombes auront des dents.
Nous cherchons les mots de la poésie dans les lèvres des filles, mais suspendus au plafond, nous ne voyons pas les beautés qui sortent des buissons. Tu dis : “J’ai déplié la forêt sur les pierres ! Je ne suis pas un lierre qui monte au mur, mais le murmure dessous l’attente ! La nuit n’est qu’un tablier pour cuisinière de province où nous essuyons notre fin de vivre ! Quand je respire la nuit, je crois être le songe d’un fantôme…
Le plaisir se retire dans sa peau d’ombre.
Les ganglions de tes lèvres ont gorgé mon cou d'un baiser. J’ai séduit ton oeil, mais me furent confisquées mes paupières. Déplions-nous sur la terre comme au ciel ! Je suis empli de ces choses qui mentent aux ombres pour s'agrandir. J'espère ne pas m'étrangler contre les colliers menteurs du songe.
Mon cœur est anodin.
Le poème le partage.
vendredi
Coup de poker en hiver
Une renaissance ?
Il y a ces jeunes filles, évoluant souplement sous la pluie, qui changent la donne de nos vies. La détermination de leurs talons-aiguilles éclate au passage la piste étoilée du pavé. Sous une capuche, leur visage impassible masque d’indifférence l'imagination. Nul ne perçoit le sourire en coin, signe d’une bonne main. Leur stratégie est un arc-en-ciel vers leur destination. Coeur excitation ; Pique appréhension. La constance de l’esprit, c’est la mort de l’âme, se disent-elles.
Comme un nickel brillant sur le tapis vert, elles se prêtent au jeu. Libèrent leurs cheveux. Montrent le dessous de leurs cartes dans le reflet d’une vodka. Dévoilent des doubles paires dans le brouillard d’une dizaine de Camels.
Les vêtements glissent sur la patinoire d’un corps hivernal. Nombreux tours de table érotiques. Mendicité des corps. Vagabondage du coeur.
Ici est le caveau
des attentes
déçues.
L’absurde caisse en bois
résonne du silence des vaines envies.
Sincères condoléances.
La liberté devient encor désir de prison. Un vieux coup de Sioux. Le check-raise des amants.
Au lendemain d’un sommeil froid comme le marbre sépulcre, je ferai à nouveau disparaître les vieilles bouteilles, l’odeur des cendres amères.
Un dernier souffle.