mercredi

Correspondance VII : dernières nouvelles

Hey !

Ton mail tombe à pic et ce, à au moins deux points de vue.

Premièrement, je me fais chier comme un rat mort en ce moment. C’est la dernière semaine, donc plus d’activité digne d’intérêt et glandage forcé en attendant la fin. Aujourd’hui, par exemple, j’ai passé toute la matinée à préparer mon coffre et le matériel à remettre. Occupation qui n’aurait pas dû prendre plus de deux heures, mais que j’ai volontairement fait traîner histoire de remplir du temps. Puis l’après-midi, j’ai regardé le film Thirteen (passable, mais pas digne d’être critiqué), j’ai mollement lu, bu du machiato, re-lu mollement et siesté un peu. Si je m’étais laissé aller, j’aurais repassé mes vêtements pour la deuxième fois… mais faut pas pousser.


Deuxièmement, je n’osais te relancer. Comme c’était le silence radio suite à ton dernier mail annonçant que tu allais présenter ta défonce (sic), je craignais que cela ce soit mal passé et n’avais pas trop envie d’aller jeter du sel sur une plaie oculaire.

Cela dit, je comprends bien que tu eusses ( ?) besoin d’un repos bien mérité après les efforts intenses des dernières semaines.


Du coup, je n’ai même pas pris la peine de te souhaiter un joyeux anniversaire en date utile. Voilà qui est fait.


Bon. Je retiens de ton brol qu’ils ont noté des améliorations substantielles et que ça devrait aller. Gardons ça à l’esprit pour l’instant. Quand reçois-tu les résultats ? Si c’est suffisamment tardif, je pense qu’on pourra lancer une soirée intitulée What Do A Freshly Graduated Historian And Freshly Back Executive Have In Common? La réponse étant une sacrée volonté de se mettre minable, évidemment.


Pour pas écrire deux fois la même chose, mais pour te raconter tout de même mes aventures, je te transmets en fin de mail et en exclusivité intersidérale le prochain post de mon blog, intitulé Скопжэ (Skopje and all that could have been). En vrai, il a été écrit sur un rouleau de papier Scotex dans une chambre dépouillée d’une installation de l'Organisation à Petroveć (Macédoine). Les coupons molletonnés seront bientôt encadrés et affichés sur le mur de mes toilettes (ndla : c'est fait !). Spoiler Alert : à la fin, je ne baise pas.

Le fait est, je ne pense pas t’en avoir parlé plus tôt, que j’ai dû me priver de blog durant toute la période. En effet, le Senior Executive, qui est aussi responsable de la communication externe, a exigé de tout le personnel qu’il lui fournisse les adresses de blog, de profil sur des sites de socialisation, etc. pour pouvoir effectuer un coup de sonde de temps à autre afin de s’assurer que personne ne mentionne des données confidentielles et/ou ternisse l’image de l'Organisation par ses propos, photos and so on.

Comme j’avais pas trop envie que mon entourage professionnel prenne connaissance de mes élucubrations (ne pas passer pour l’énergumène louche de service demande parfois des sacrifices, eh oui), je n’ai pas mentionné l’existence de mon blog. J’ai juste signalé que j’étais inscrit sur MySpace, mais comme il n’a pas pensé à le demander, je ne lui ai pas fourni mon pseudo. Je doute qu’il soit tombé dessus (mais au cas où, paranoïa oblige, j’ai tout de même temporairement effacé toute trace du blog et du roman sur ma page MySpace). Et pour être sûr de ne pas être tracé - paranoïa, je te dis - je n'ai pas mis les claviers sur Blogspot de toute la période... enfin, si, une fois, je ne tenais plus, j'ai voulu voir s'il n'y avait pas de nouveau commentaires, sait-on jamais. Il n'y en avais pas, évidemment... et j'ai immédiatement effacé toute trace de mon forfait en supprimant les cookies, l'historique, les temporary files, etc.

Là-dessus, à très bientôt,

dimanche

Ris doucement de moi














Errer dans Bruxelles.
Y défier le lion des rues.
Un ricanement dans les tympans.
Au milieu des arbres, des bancs et des zombies joggant,

Je mélange
Tout

Cinq hommes alignés devant une spécialité.
Sujets des moqueries.
Et chaque jour cette bague qui manque à leur doigt.
Ris doucement de moi.
Au restaurant,

Je mélange
Tout

Admettre qu’on vit dans une bourgade insignifiante.
A peine vivante.
Notre patelin n’est pas assez violent !
Pas assez de cette saine hostilité.
Assez de ce ricanement !
Dans la foule des navetteurs pressés,

Je mélange
Tout

Sans miroir, le regard de l’autre vous parle enfin de tout son poids.
Ecrase-moi.
Ris doucement de moi.
Hier, c’était peut-être ma chemise de traviole.
Aujourd’hui, probablement une tache de sauce sur mon col.
Demain sans doute un écoulement de sperme à l’entre-jambe.
Sur la Grand-Place bondée,

Je mélange
Tout

Errer dans Bruxelles.
Y chasser les souvenirs comme on chasse le fauve.
Les tuer !
Ris-tu encore doucement de moi ?
Les abattre chaque fois qu’ils tentent de se jeter à votre gorge.
Ris tu encore ?
Tirer une dernière fois.
Ris-tu ?
Dans la jungle,

Je mélange
Tout