samedi

Je t'ai vu(e) au 15 août









Le 15 août à Liège ou la victoire du paganisme sur le christianisme.

La petite fête de quartier célébrait par le passé l’assomption, la vierge marie, tout ça. Les voisins s’offraient mutuellement du pékêt par leur fenêtre et échangeaient des petits plats. Il y avait même une procession avec Notre-Dame-de-je-ne-sais-pas-quoi, mais en toile de fond, l’âme païenne veillait. Elle attendait son retour. Alors que l’Eglise avait systématiquement supplanté le folklore local par ses propres inventions, Matî l’Ohé substistait.

Aujourd’hui, c’est la madonne que l’on ne voit presque plus. Il y a quelques années à peine, je me souviens l’avoir vu siéger à l’entrée du Boulevard Saucy. Cette fois, je ne l’ai aperçue nulle part. Celle qui lui ressemblait le plus était une femme voilée de blanc, observant avec scepticisme le tumulte depuis son balcon.

La victoire du paganisme.

Pendant trois jours, 100’000 personnes envahissent les rues avec un seul objectif : boire, voire et être vu. Comme Jean-louis le disait On voudrait tous un alcool/vers le 15 août pour espionner. Y a un peu de ça oui. "Qu'est-ce que tu deviens ?" est la formule rituelle de ce jeu d'espionnage.

Une fête sans aucun sens, voire même une fête du non-sens.

J’imagine qu’à l’origine, les festivités du 15 août célébraient le début des moissons ou leur fin ou un truc comme ça. En bon citadin hyper-moderne, je n’ai aucune idée du rythme des saisons.

On a célébré la nature, puis la mère de dieu et aujourd’hui, on ne célèbre plus rien. C’est la Sainte-Anomie.

Victoire, finalement, du nihilisme sur la religion et sur le paganisme. Victoire sur toute forme de raison et de croyance.

100’000 personnes. Des check-points policiers et bientôt, peut-être même qu’on paiera l’entrée. Des comas éthyliques en peloton de brancards et le Bourgmestre qui croit qu'il n'y a ni drogue ni sexe dans sa ville (hahaha).

L’objectif de la soirée est le même pour tout le monde : trouver quelqu’un. Tout le monde passe sa soirée à chercher quelqu’un. Une personne sur cinq à l’oreille collée à son GSM, bouche l’autre et hurle “T’es où ?” en essayant en vain d’entendre son interlocuteur et d’être entendue de lui.

Tout le monde cherche l’épicentre de la fête dans une direction différente. La foule se déplace continuellement sur les voies du chaos. Comment être celui qui s’amusera le plus ? Difficile quand on ne fête, finalement, rien.

Il y a l’auberge de jeunesse où il y a tout sauf des jeunes. Le sosie de Robert Downey Jr qui joue au Blues Brother. Un dj qui arrive à passer le Lac de Colemara à 22h. Et l’inconnu qui t’aborde, allumé, vers 2h du mat’ :

- Salut, ça va ?

- Heu... ouais, ça va et toi ?

- Qu’est ce que tu deviens ?

- On se connait ?

- Mais oui, moi c’est Mike !

-

-...

- Ben, moi c'est Piacoa. Je ne crois pas que...

- Mais si ! Tu sais, j’en connais beaucoup des comme toi ! Je suis né à ****.

- Heu… ok, bonne soirée !

- Ouais, bonne soirée, Piacoa ! Je vais rattraper les autres. Tu sais bien, hein !


Aucun sens,

mais au moins, les filles sont jolies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire