lundi









Clayton voudrait écrire comme il pleut et écouter l'impact des touches comme des gouttes sur le sol laissant ses doigts courir le pavé de son clavier et écouter la musique de la pluie de ses coups digitaux il voudrait voir de façon ininterrompue les lettres qui coulent sur l'écran de haut en bas sur des pages et des pages c'est la poésie de l'averse la chute et l'écrasement des gouttes pourquoi le poète est fasciné par la moindre grisaille par un brouillard ridicule et enfantin c'est comme un morceau de piano qu'on écoute et on se laisse emporter comme des touches sur un clavier le plaisir des doigts qui courent et qui parlent et c'est le temps de la variation Clayton utilise deux dièses sur sa gamme un fa un do parce que le ciel s'éclaircit mais que la pluie redouble ses efforts pour donner des impacts plus forts c'est terrible les gouttes sur le sol quand les doigts frappent un clavier avec vigueur et la musique monte comme une rumeur en crescendo de coups digitaux il n'y a toujours aucun silence entre les gouttes d'eau et pourquoi le poète se laisse aller à la moindre grisaille par une brume évanescente comme un enfant qui rit avec ses propres amis imaginaires qui finissent toujours par se pendre ici est inséré un bémol avant la prochaine variation d'un piano qu'on écoute et qui se laisse emporter dans une rivière gonflée sur laquelle il flotte en ondulant se retenant par nos doigts qui coulent de douleur de trop frapper un clavier passé maintenant sur des bémols mais le ciel s'est salement assombri se donnant au plus laid qu'on a connu et la pluie se fait lourde et lente écrasant au passage les fourmis qui rongent le pavé sans avoir rien demandé à Clayton sous l'averse qui pleure sans qu'on le voit sous toute cette eau et la musique est assourdie elle coule sur les pages de haut en bas couvrant la blancheur inacceptable les impacts éclatent les mots du clavier digital et le silence n'est plus qu'un souvenir de poète qui se laisse aller dans les fumées comme un enfant drogué qui pleure ses souvenirs imaginaires pendus au bout d'une corde mouillée.

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