samedi

How to disappear completely














Ce texte sera illisible. Rebutant même. Parce qu'il n'a pas d'intérêt. Je me suis perdu. J'avais une identité. Et je ne sais plus et le reste c'est du vent. Si seulement écrire a encor un sens. Encor. Je le préfère sans "e". C'est celui du désir. "Encore" est celui de l'envie. Du caprice. De l'enfant. Sans "e" la femme jouit.

Ce texte est un défi. Pas pour moi. Pour celui qui la lit. Ils sont déjà si rarement lus. Celui-ci, il faudra être bien couillu. Fin de la rime. A la ligne.

Ca y est, je suis trentenaire. J'ai déjà fait ma crise, merci. Elle s'est soldée par un choix. Une thérapie. Un tatouage. Ou un violoncelle. C'est con une crise. Pourtant, ça a l'air sérieux. Mais, non, c'est con. Et j'ai opté pour le violoncelle.

J'aurais mieux fait d'éviter la ponctuation. Ca aurait été encore plus méchant. Je ne le suis pas. Méchant. Je ne crois pas.

Parfois dur.

Avec mon épouse. Mais c'est juste parce qu'elle a la malchance d'être tout près. Un jour, j'ai frappé mon petit frère. Et je lui ai dit que c'était parce que c'était lui qui était le plus près. Je ne suis pas violent. Faut pas croire. Quiconque à un petit frère pas trop éloigné en âge, s'est battu avec lui. Ne mentez pas. Y a rien de mal à ça. On se dispute l'amour des parents.

Je crois qu'on est perdu. Je ne sais pas exactement comment l'exprimer. Mais j'aimerais le dire partout. Notre société est décadente. C'est génial. Mais ça signifie aussi qu'elle touche bientôt à sa fin. On fait la fête.

Tout le temps.

Mais bientôt le soleil se lèvera. Et il ne nous restera plus qu'une gueule de bois. Et un envahisseur chinois. De nouvelles hégémonies. Et nous serons pauvres avant d'être mort. C'est comme ça. Profitons-en. C'est le moment où votre hôte annonce que c'est la dernière bouteille de rhum. Soit vous êtes déjà parti parce qu'il y a le petit tout ça. Soit vous êtes déjà quasiment dans le coma. Soit vous n'arrivez pas assez vite au bar. Parce que moi j'y suis. Déjà.

Je fume toujours. Je commence seulement à me poser des questions. Reste de cette crise. Conscience nouvelle de ma mortalité.

C'est clair.

Maintenant, j'ai peur de tomber. Maintenant, je dois m'étirer. Et j'ai quand-même mal.

Certains amis m'ont quitté. Ce n'étaient sans doute pas des amis. Et l'hémorragie continue. "Elle transforme les pavés en îlots". Et quand j'y pense. "Trois mille six cent fois par heure, la seconde chuchote "Souviens-toi", rapide, avec sa voix d'insecte". Alors, j'essaie d'extraire l'or. De chaque minute. Et me rends compte au même moment que je perds mon temps. A écrire ce texte.

Illisible.

Ca faisait longtemps que je n'écrivais plus. Je ne peins plus. Non plus. Je ne tire plus. Non plus. J'fais l'ménage. J'ai l'temps. Et je rêve de nouvelles gloires. Un plan en trois étapes. C'est ça être adulte. Faire des plans. Un roman. Il parle de culpabilité. Et de crises d'identité. Et sinon, un gosse. Parce que j'aurais échoué. Echoué à n'être pas tout le monde. Tout le monde est tout le monde. Je voulais être Autre. Ou au moins un autre. Alors un gosse pourquoi pas. Et espérer que lui, peut-être, elle, peut-être y parviendra. Il-elle n'est pas encore là. Et je projette déjà. Comment ne pas mieux se fondre dans le moule.

Pathétique.

De parler encore de moule.

So cliché.

Les seules qui restent sont celles des films pornos. Ils ont fini par me dégoûter. J'ai des bouffées de mélancolie. Dès qu'une fille me plaît. Et il y en a. Même plus besoin du soleil. Pour afficher des cadavres libidineux. A l'érection s'est substituée la dépression. Même pas un film érotique. Je me dis ça sert à quoi. Cette fiche est aussi un blasphème. Je m'en rends compte. Un blasphème à deux lois. Que je respecte scrupuleusement. Toujours. "Mais" ne s'utilise jamais en début de phrase et est toujours précédé d'une virgule. "Et" ne peut jamais être précédé d'une virgule et n'est jamais utilisé en début de phrase. Trop dur la vie. J'ai tant de chose à dire. Et personne pour m'entendre.

Non.

Peut-être n'ai-je rien à dire en fait. Si je devais me suicider, je ne me tuerais pas. Je disparaîtrais. Je prendrai mon automobile. Et je partirais vers l'Est. Vers l'Est parce que c'est la plus longue route possible.

Pour disparaître.

Et sans justification, s'il vous plaît. Juste comme ça.

Pfiout.

Ce n'est pas encore assez long. T'en veux encore. J'en ai. Derrière mon front des images. D'Afghanistan. Du Kosovo. Beaucoup en ce moment. De Venise. De Paris. D'Amsterdam. Vous ne pouvez vous empêcher. De marquer le point. De Sicile. Des Pouilles. D'Islande. D'Espagne. Et bientôt peut-être, j'aurai conquis le dernier continent.

Des choses de moi.

J'ai grandi à trois endroits. Me souviens pas. Un déménagement à tête de turc. Puis le nouveau est arrivé. Essayé de poser durant l'adolescence. C'est pas fini. La pose. Pas l'adolescence. Mais j'essaie d'arrêter. De consommer. J'en ai marre d'avoir.

J'EN AI MARRE D'AVOIR.

Je veux être. Seulement. Ca ressemble à un slogan. Je suis con. Je veux être moi-même comme tout le monde. Rien ne me distingue. C'est peut-être pas si fini. Toujours là.

J'y pense. Il est impossible de ne pas polluer. Il est impossible d'arrêter le réchauffement climatique. C'est la société qu'il faut changer.
Violons.
Si je vais au boulot à vélo. Si seulement c'était possible. Je rejetterai tout de même de l'oxyde de carbone. En plus je devrais me laver. A l'aller. Et au retour. Donc je consommerai encore de l'eau et du gaz ou de l'énergie pour la chauffer. Vous croyiez qu'il y avait des solutions ? Il n'y en a pas. Le gouffre. La fin. Mais quand tout sera fini. Nous vivrons de notre jardin. Et il y en a qui trouveront ça bien.
Violons ?

Violons.

Ca sonne bien. Ca tombe bien. Que n'avez vous appris. 30MLiègecommeondisait. Pas vraiment dépassé. Le Net est toujours infesté. Suffit de vous demander pourquoi vous êtes ici. C'est l'Human Nature. Je veux dire vous retourner sur vous-même et vous poser sincèrement la question. Peut-être êtes-vous encore capable de dépasser votre mauvaise foi. C'est drôle. Je croyais que je n'y arriverais pas. A vous tenir jusqu'ici. Si ça se trouve. Le seul capable d'y tenir. Mourra au milieu de sa lecture. Ce sont des choses qui arrivent.

Un moment on est vivant.
Et l'instant d'après.
Mort.

"Pour oublier, je dors".

C'est comme ça. Nous ne serons jamais [en train de] mourir. Ou alors nous le sommes tout le temps. Et on attend. Il y a un train qui passe sous chez moi. Je l'sens pas. Y a un rempart pas loin. Y a mes voisins Ghanéens. Puis Italiens. Le musicien. L'épicerie du coin. Les feux. Les coups de feux. Même pas peur. J'ai entendu atterrir des roquettes. Et exploser des mines. Suis un homme. Plein de défenses.

Mon père m'a demandé si je me sentais capable de tuer quelqu'un.

J'ai dit oui. Je suis entraîné pour. Mais après tout. Je ne le saurai qu'au moment venu. Et advienne que pourra. Me demande ce que ça lui a fait. D'entendre ça. Ainsi qu'à ma pauvre maman. Que je comprends bien mieux maintenant. Tu ne vois toujours pas qui je suis. Si la fac pouvait toujours résonner de mes pas. J'y erre parfois. Un vrai fantôme. Inquiétant. Sûrement. Dans mon déguisement. Mon chef de service fait semblant de travailler. Ma supérieure aussi. Moi aussi, j'ai pris le pli. Y a que le pti nouveau. Mais il parle déjà de nous quitter. T'as bien raison. Il n'y a rien à faire ici. Sinon, s'assurer. Je croyais d'ailleurs qu'il n'y avait que dans les milieux ouvriers. Qu'on écoutait Radio Contact. Qu'on regardait RTL-TVi. Et qu'on était fan de Johnny. Je vends mon âme. Sur l'autel de la consommation. J'avais cru prendre le contrôle. C'était il y a longtemps. Mais me voilà esclave. Du pognon. De mes relations. Des conventions. Me restent plus que les séries événements. Trop tard peut-être. J'ai vu deux saisons de Nip/Tuck. Et souvent j'ai failli pleurer.

"Mon pauvre ami".

C'était justement ma nouvelle expression.

Victime.

Encor.

De son temps. Elle m'a demandé "Quand donc te reposes-tu ?". Je lui ai dit "Quand je dors". C'est logique. Le reste, c'est de l'or. Comme susdit. Quand je commence à me répéter. C'est qu'il est peut-être temps de m'arrêter. Comme une métaphore de la sénilité.

Alzheimer littéraire.

Pasticcio poétique.

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