lundi

Correspondances III : De l'intérêt épistolaire














Zdravstvouy ! (ouais, je cautionne les alternatives et j’en profite pour militer pour une ouverture vers l’Est, l’avenir d’une Europe réunifiée – et non « élargie », comme le clament les bien-pensants béni oui-oui de la droite d’Europe Occidentale)


Dieu j’aime la correspondance ! Parfois, je me dis que c’est une bonne chose de partir une longue période à l’étranger juste pour le plaisir d’écrire des lettres/mails. Un plaisir tombé en désuétude simplement parce qu’on n’a plus l’occasion de le pratiquer. Quoiqu’il en soit, c’est vrai que ce n’est pas non plus une raison suffisante pour être loin de chez soi – y-a-til des raisons suffisantes ?

Je te remercie d’entretenir la flamme.


Merci aussi pour le petit laïus sur l’intérêt, il est toujours bon de remettre les mots, ces enfoirés, à leur juste place. Maintenant que tu me l’as fait remarquer, je crois que je veillerais à mon utilisation du mot « intéressant » dont j’use et abuse, il faut bien l’avouer. Alors que finalement, ce n’est qu’avec un air légèrement dédaigneux que l’on peut répondre à la conversation insipide de quelqu’un par un « mmm… ouais, intéressant. »


Quand à ta propre attitude prosélyte, si je la tournais en dérision, c’était par pure taquinerie. Sans elle, je n’aurais sans doute été pris de passion pour tout un tas d’auteurs, comme Moody, ou de musiciens, comme JLM.


J’avoue par contre, puisque tu le soulignes toi-même, qu’il m’est arrivé plus d’une fois d’être vexé – c’est vrai, je suis parfois susceptible – pour le peu d’intérêt (oui) que tu portais à ce que je voulais partager avec toi. Et justement, du coup, il n’y avait pas de partage, mais une simple réception à sens unique de ma part. Ce n’est sans doute pas uniquement dû à ton « manque d’écoute » (je te cite), mais je manque probablement parfois de ferveur pour vendre ma propre came. Etre obsessionnel, tu dis, je note.


Pour ce qui est de la Conjuration des Imbéciles, pas de problème, je te le file dès mon retour. Concernant Les Souffrances du Jeune Werchter, il fait aussi partie de ma bibliothèque, tu pourras épargner cinq euros. Pour Nietzsche, j’ai quasiment Das Integrale, mais je te préviens que c’est assez rébarbatif comme lecture. A part les philosophes en costume de velours brun côtelé avec des rapiècements aux coudes, tous les autres (dont moi-même) font semblant d’y avoir compris quelque chose. Quant à Thomas Mann et Asimov (je ne sais pas si ça fait partie de Fondation, c’est pas indiqué en tout cas), je te tiendrai au courant si je les lis, parce que malheureusement je suis bien loin de mon rythme habituel d’un livre par semaine en mission. Je ne me l’explique pas d’ailleurs. Peut-être que l’absence de soleil me donne moins l’occasion de lire en terrasse, accompagné d’une Lucky et d’un macchiato. Ou peut-être que j’ai plus de boulot que d’habitude, tiens, pourquoi pas ? J’ai passé quasiment toute la semaine dans mon bureau à analyser les données des questionnaires que j’ai fait passés à tout le personnel pour mesurer l'« engagement organisationnel ». Mon visage est blafard, mes yeux soulignés par un chapelet de cernes et je suis certains que si mes cheveux n’étaient pas si courts, ils seraient décoiffés. Je rêve en tableau Excel.


Autre sujet, bref sujet : je sais que c’est NAOMI Klein. C’était une private joke. Trop private apparemment.

By the way, rien à voir et je conclurais là-dessus (puis une clope, un livre et dodo), est-ce que tu sais quelle police de caractère ils utilisent chez Acte Sud ? Ça ressemble pas mal à du Garamond, mais je le jurerais pas. Je me rends compte qu’à force d’avoir lu Auster chez eux, j’ai immédiatement un apriori (nouvelle orthographe) positif quand j’ouvre un bouquin de chez eux. Les aprioris, c’est mal, je sais, puisque le risque est alors d’aimer des trucs pourris.


Bibtxom,


Piacoa.


Pieno

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